Sade est un romancier, ses œuvres sont de fiction. Dominique Dussidour l’a rencontré assis à sa table de travail, de dos, éclairé par la lumière verticale du soupirail de la Bastille, l’a aperçu par la fenêtre sur rue d’un quartier parisien : toujours écrivant. C’est qu’on n’écrit pas Justine puis Juliette sur un coup de tête, il y faut des années de travail, de l’obstination, de la perspicacité, de l’intelligence : Justine n’a pas donné naissance à Juliette en un jour.
L’œuvre romanesque de Sade intègre la guerre de Sept Ans, les emportements sensuels de sa jeunesse, ses voyages en Italie, les bouleversements de la Révolution française, ses incarcérations, sa connaissance intime des discours, des procédures et des mécanismes du pouvoir… C’est sur cette vision-là — un écrivain à sa table de travail — que s’appuie Sade romancier : le parcours de celui qui a construit son œuvre grâce à la traversée de l’Histoire et de la littérature de 1740 à 1814.
Sade romancier : Dominique Dussidour
19,90€
« Août 2012. Venant d’Aix-en-Provence c’est-à-dire de Cézanne, on reconnaît la montagne Sainte-Victoire. Sade l’avait sous les yeux quand il se rendait à Apt chez son notaire Gaufridy. Poussière des chemins, noirceur du macadam. Quelques noms flottent dans la brume de chaleur : petit Luberon, plaine du Calavon, cours de la Durance, mont Ventoux, Lourmarin, Bonnieux. De la départementale 108 qui mène à La Coste on voit en surplomb le château bâti sur du roc. De près, masqué par les cèdres il se dérobe jusqu’à ce qu’on entre dans le village. »
Sade romancier p. 25-26