« La longueur des jupes de Liliane se réduisant à un morceau de tissu laisse penser quand elle entre au Seine, petit bistrot de quartier en haut de la rue de Seine où se troquent beaucoup de choses, qu’elle ne cache rien d’illicite. Particularité de Liliane, une dague cachée dans sa botte gauche. C’est un vrai couteau de combat. Parfois Liliane le glisse dans la botte droite, cela dépend de la paire qu’elle a mise. La lame fait près de quinze centimètres de long. Deux fois la largeur d’une main. La longueur autorisée est inférieure à la largeur de la main. Je l’ai vue, souvent. Une gaine aménagée dans la botte la protège de la lame. Liliane évite de mettre des bottes trop voyantes. Les bottes de Liliane sont le plus souvent en cuir brun, claires.
Les hommes, généralement, lui fichent la paix, quand elle dit non ça ne signifie pas peut-être. Liliane ne mettait pas plus de deux paires de bottes différentes pour ne pas attirer l’attention ni laisser supposer aux condés qu’elle pouvait avoir de l’argent, un peu plus du moins que la majorité de ceux qui composent une étrange faune vivant entre Le Seine, Le Mazet rue Saint-André-des-Arts et La Rotonde, à six ou sept minutes à l’angle de la rue Saint-Jacques. Liliane marche beaucoup, vite… lorsqu’elle enfourche ses bottes de sept lieues… Elle ne touche apparemment pas au cheval et à la morphe. Elle en a pris quelques fois. Elle, c’est les amphètes. Préludine. Maxiton… Marie-jeanne… LSD… Elle dit arrêter la défonce quand elle veut, sans problème. Elle le fait. Peut-être pour se prouver qu’elle en est capable, par plaisir de la transcendance. Il faut deviner qu’elle peut, parfois, être défoncée. Ça ne se voit jamais. »

LSD 67, p. 3-4

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En librairie le 22 août 2013

ISBN : 979-10-90175-11-2
Format : 14 x 21 cm
Pagination : 512 pages
Prix : 23,50 €

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Paris, 1967, le Quartier latin devient la scène des beatniks débarquant place Saint-Michel. Essaims de chevelus et de minettes en minijupes, entre la rue Saint-Jacques, l’église Saint-Séverin et la rue de Seine. Autour du Mazet, où l’on boit, fume, drague, gratte la guitare, écoute les Stones, Antoine ou LSD des Pretty Things dans les juke-box, le Quartier est envahi par toute une jeunesse livrée à la défonce, au cinéma et même à la littérature. Le roman, habité par le fantôme d’une jeune fille morte, s’arrête au début de 1968, avec « l’affaire Langlois ». Paradis artificiels, pop music, psychédélisme. Une pléiade de personnages plus vrais que nature : Liliane, Sonny, Dora (les LSD), mais aussi Chico, Cybèle, Gégé, JF, Doudou… Incursion dans le passé d’un Paris médiéval, gothique, touchant au fantastique sous l’effet des hallucinogènes.

LSD 67, entre chronique historique et journal intime, a tous les parfums d’une époque révolue de jouissances immédiates, de mendiants et orgueilleux plongés dans des nuits sans fin pour vivre tous leurs désirs. Sans oublier Dylan, Hendrix, Burroughs ou Bukowski, l’auteur retrouve le pavé parisien sur les traces de Huysmans ou Rétif de la Bretonne…

PARIS, FRANCE- SEPTEMBER 20 : Alexandre Mathis Writer in Paris, in France, on September 20, 2013

Alexandre Mathis, né à Besançon en 1948, s’installe rue de la Huchette à dix-neuf ans, voit plusieurs films par jour, réalise des films expérimentaux, écrit des articles sur le cinéma, rencontre José Benazeraf et cosigne un livre sur le cinéaste chez Éric Losfeld. Il est l’auteur de Maryan Lamour dans le béton et de plusieurs autres romans dont Les Fantômes de M. Bill paru en 2011 aux éditions Léo Scheer. Il vit aujourd’hui dans le Lot-et-Garonne…

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