« Maman n’est pas quelqu’un qui va céder facilement ce qui lui reste de vie. Elle ne peut pas mourir, car elle attend les fleurs de pêcher, car elle ne peut oublier la saveur du jus de pêche. Le diagnostic du médecin qui lui accordait peu de jours, les taches de vieillesse qui lui maculaient la peau, le grave diabète qui avait conduit à l’amputation de son pied, et toutes les autres complications, rien n’était parvenu à la vaincre. Elle a pu passer l’hiver grâce au mariage de mon frère. Elle ne pouvait pas, disait-elle, mourir avant d’avoir vu ça. C’est elle qui avait eu l’idée du voyage-rencontre en Chine. Une fois son fils marié, elle ne pouvait mourir sans avoir assisté à la naissance de son petit-fils ou de sa petite-fille, au premier retournement de son corps, à ses premiers pas, à son premier babil. Et le moment venu, elle trouverait forcément d’autres bons prétextes pour rester en vie. Moi, j’étais exténué. Toujours souriant avec bienveillance, je guettais la moindre occasion pour m’enfuir. Je ne pensais qu’à ça. Je voulais me débarrasser du fardeau qui pesait sur mes épaules, le jeter au loin. Je ne supportais plus qu’il adhère ainsi à mon corps. J’avais au moins besoin de quelqu’un pour le partager. Je me suis rappelé le visage de Haehwa. Lors de la première rencontre, elle m’était apparue comme un oiseau fragile aux plumes encore mouillées. Un petit oiseau, à peine éclos, qui prend pour sa mère le premier objet qu’il voit à la sortie de l’ oeuf. Cet oiseau avait vu mon frère. Il n’avait pas saisi que c’était plutôt l’autre qui avait besoin de protection. »

(Adieu le cirque !, p. 44)

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En librairie le 4 avril 2013

ISBN : 979-10-90175-10-5
Format : 14 x 21 cm
Pagination : 272  pages
Prix : 18,50 €

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Traduit du coréen par Seon Yeong-a et Carine Devillon

En Corée, les agences matrimoniales spécialisées dans les voyages de rencontre en Chine offrent un spectacle de cirque à leurs clients. Inho, handicapé de la voix, mise sur un de ces voyages pour se trouver une épouse. Yunho, son frère, lui sert à la fois de voix et d’arbitre. Elle s’appellera Haehwa et les suivra dans la banlieue de Séoul.

Mais Haehwa, douce jeune femme mystérieuse, est hantée par un premier amour de jeunesse, même si elle semble s’épanouir auprès de sa belle-mère et de son « voyageur », mari ainsi désigné par celles qui épousent un Coréen.
La belle-mère s’éteint avec le lilas des Indes, Yunho fuit son frère mais aussi Haehwa si violemment désirée. En exil, il devient un ttaitong, petit trafiquant en mer entre la Chine et la Corée.

Dans ce roman à la fois tendre et cruel, où alternent les voix de Yunho et de Haehwa, tous les personnages souffrent de solitude. Soit d’impossibles histoires d’amour, un dur apprentissage de la passion, la jalousie, la douleur et la mort.
De la Chine à la Corée, de la maison du mari à la rue, les pérégrinations de Haehwa évoquent celles d’une artiste de cirque maintenue par une corde et vertigineusement descendue d’« en haut ». Sans doute que la vie n’est qu’un spectacle de cirque, au dur et doux parfum de nostalgie.

cheon_un-yeongCheon Un-yeong, née à Séoul en 1971, est licenciée en communication de l’université de Hanyang, diplômée de l’Institut des Arts de Séoul. Dès l’an 2000, elle s’impose dans le domaine des lettres, avec un succès immédiat, critique et public, en publiant plusieurs recueils de nouvelles.

Cheon Un-yeong est très vite considérée comme une voix exceptionnelle, représentante hors norme de la nouvelle génération de la littérature coréenne.

Adieu le cirque ! est son premier roman. C’est également son premier titre traduit en français.

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